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Google Inc v Equustek : la désindexation peut être la prochaine étape dans la lutte contre la contrefaçon.

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Google Inc v Equustek : la désindexation peut être la prochaine étape dans la lutte contre la contrefaçon.

En début de semaine, la Cour suprême du Canada a rendu sa décision dans l'affaire Google Inc. contre Equustek, ouvrant ainsi la voie à une approche nouvelle et modulable de l'application de la loi.

La Cour suprême a confirmé des jugements antérieurs de juridictions inférieures et a exigé du géant des moteurs de recherche qu'il désindexe entièrement certains sites web de contrefaçon.

L'énoncé de la mission de Google est bien connu : son objectif est "d'organiser les informations du monde et de les rendre universellement accessibles et utiles". Cette affaire (et d'autres dans le contexte de la confidentialité des données en Europe) a démontré que cet objectif doit avoir des limites. Google peut faire plus pour s'assurer que le monde en ligne n'est pas simplement un "Far West" sans foi ni loi. Au contraire, Google peut contribuer à faire en sorte que tout le monde ait accès à des informations légales, mais que les entités qui cherchent à tirer profit d'activités illégales n'aient pas le même accès à ces informations.

L'aspect le plus significatif de ce litige est que la décision est rendue à l'encontre de Google en tant que fournisseur de services tiers ne violant pas la loi, plutôt qu'en tant que participant direct à l'activité illégale. Google est très bien placé pour aider à prévenir les activités illégales en s'assurant que les résultats de recherche pour les sites en question ne sont pas renvoyés.

Ce n'est pas la première fois que les fournisseurs de services sont tenus d'en faire plus : le tribunal canadien s'est appuyé sur une affaire qui a fait date au Royaume-Uni, dans laquelle Richemont, propriétaire de Cartier, a obtenu des ordonnances obligeant les fournisseurs d'accès à Internet (FAI), y compris Sky et BT, à bloquer les sites web vendant des produits de contrefaçon.

Ce qui ressort clairement de ces deux arrêts, c'est qu'à mesure que les atteintes à la propriété intellectuelle en ligne s'intensifient, les tiers peuvent être tenus de prendre des mesures. Il s'agit d'une reconnaissance importante du fait que des intermédiaires tels que Google sont utilisés - et constituent même souvent la principale voie d'accès - pour les contrefacteurs agissant en ligne.

Cette décision a une portée mondiale. Le blocage de sites devient une pratique courante dans les juridictions, mais en s'intéressant à des acteurs tiers tels que les moteurs de recherche, il pourrait être possible d'aller beaucoup plus loin dans les efforts visant à perturber l'activité en ligne des contrefacteurs. Il existe un grand nombre de sites web qui vendent des contrefaçons - il suffit de voir l'ampleur des actions entreprises par les titulaires de droits pour saisir les noms de domaine et geler les comptes pour s'en rendre compte. Ces sites ont une clientèle mondiale alimentée par des moteurs de recherche mondiaux. Il est désormais possible d'exiger de Google qu'il agisse à grande échelle et qu'il supprime ces opérations de son index.

Cette décision est un premier pas et il y a beaucoup à faire pour que ce recours devienne une approche évolutive. Nous devrions faire pression pour qu'un mécanisme soit mis en place afin que les marques disposent d'une procédure simple et rentable pour demander ce type d'ordonnance afin d'obtenir le retrait des sites web à grande échelle.

Et les moteurs de recherche ne sont pas les seuls à être concernés. Les contrefacteurs utilisent beaucoup les médias sociaux pour attirer un marché mondial de consommateurs vers leurs produits. Les plateformes de médias sociaux peuvent aussi faire plus et ce type d'affaire judiciaire ouvre la voie pour exiger cela.

Il ne fait aucun doute qu'il s'agit d'une décision de justice très importante qui indique clairement aux moteurs de recherche et aux autres tiers utilisés par les contrefacteurs qu'ils ont le devoir de contribuer à la prévention des actes répréhensibles en ligne.